fantasmes sans dentelle

Entrée de l'espace performance au sein de l'exposition
Entrée de l'espace performance au sein de l'exposition
Passage des femmes
Passage des femmes
Public en haut des marches
Public en haut des marches
Passage des hommes
Passage des hommes
Attribution du lot
Attribution du lot
Après l'attribution d'un lot, je retire une bande de tissu
Après l'attribution d'un lot, je retire une bande de tissu
Mise en place de l'étui pénien
Mise en place de l'étui pénien
Après l'attribution d'un lot, je retire à nouveau une bande de tissu
Après l'attribution d'un lot, je retire à nouveau une bande de tissu
Attribution du lot
Attribution du lot
Appel du N° gagnant
Appel du N° gagnant
Après l'attribution d'un lot, je retire à nouveau une bande de tissu
Après l'attribution d'un lot, je retire à nouveau une bande de tissu
Attribution du lot
Attribution du lot
Attribution du lot
Attribution du lot
Avant d'enlever la dernière bande de tissu, la lumière noire apparaît
Avant d'enlever la dernière bande de tissu, la lumière noire apparaît
Le corps peint en rose fluorescent apparaît sous la lumière noire très vif
Le corps peint en rose fluorescent apparaît sous la lumière noire très vif
Après avoir lavé mon corps en me versant un seau d'eau, je passe une robe de cotonnade claire puis me reverse de l'eau à nouveau
Après avoir lavé mon corps en me versant un seau d'eau, je passe une robe de cotonnade claire puis me reverse de l'eau à nouveau
La lumière noire réapparaît le corps fluo transperce la cotonnade
La lumière noire réapparaît le corps fluo transperce la cotonnade

Performance réalisée en 1985 dans le cadre d’une exposition internationale « L’insaisissable » à l’Espace Exhibition, ex-usine désaffectée, quai de la Rapée à Paris.

Introduite par mon professeur Asdrubal Colmenarez, je fus coordonnée par Egidio Alvaro, dirigeant de l’Espace Critique Diagonale dans le 14ème.

L’espace que je choisis, très haut de plafond, limité sur deux côtés formant un angle droit, était une succession de larges marches d’environ quinze centimètres de hauteur, d’un mètre de profondeur, sur une distance totale de dix-sept mètres. Nous arrivions par le bas de cet escalier géant cloisonné à gauche et au sommet.
Je désirais un endroit clos pour créer une sorte d’intimité et pour que chacun ait fait le choix d’y pénétrer sans pouvoir se dire, une fois à l’intérieur, « je suis là par hasard ». (Il ne pouvait y avoir d’observateurs extérieurs à la situation).
J’installais donc deux draps pour remplacer les cloisons manquantes dont l’un limitant l’entrée avait été coupée en son milieu pour former une voûte autour de laquelle j’avais inscrit le titre de ma performance : « Fantasmes sans dentelle ». Dans cet espace clos, je suspendis un immense drap en forme de « U » rappelant les théâtres romains en demi-cercle où je devais évoluer entre les branches du U en contre bas par rapport aux spectateurs. La base du U était à trois mètres de l’entrée et ses branches formaient, grâce aux cloisons latérales, deux couloirs.
Juste après l’entrée, deux passages s’offraient au public. Le choix de prendre l’un ou l’autre n’était pas aléatoire, il y avait au-dessus de chaque passage un message analogique représentant, d’un côté le vêtement masculin, de l’autre, le vêtement féminin. Je pensais qu’il aurait été intéressant d’observer le choix d’orientation suivant cette règle non énoncée et non obligatoire mais établie socialement. En fait, nul homme n’emprunta le chemin des dames et réciproquement.

Le passage des femmes se situait sur la droite. D’emblée elles étaient baignées dans une ambiance tamisée. Des gants Mappa (environ 300), bourrés de polystyrène, étaient suspendus à l’aide de fils de nylon de plusieurs longueurs liés à des poutres d’acier formant une sorte de charpente. Les femmes étaient obligées d’écarter ces mains qui les frôlaient à différents endroits de leur corps. Ensuite un rideau de fils de laine imprégnés de parfum était suspendu sur toute la largeur du couloir et sur une profondeur d’un mètre. En fin de parcours, trois phallus de polystytrène étaient disposés sur deux marches recouvertes de bâches plastiques. Ils mesuraient 80 cm de haut et 30 cm de diamètre. Du liquide vaisselle avait été répandu sur les bâches autour des phallus. Après ce parcours, les femmes débouchaient dans la partie supérieure de l’escalier, s’y installaient et découvraient, dans l’espace « scène », un décor où les musiciens jouaient.

Quant aux hommes, ils découvraient dès l’entrée du couloir situé sur la gauche, une sorte de rideau de chaînes de différentes longueurs suspendues à la charpente d’acier. ils pouvaient donc ou slalomer ou les écarter, ou se baisser ou simplement avancer en laissant glisser les chaînes le long de leur corps. Ils me découvraient ensuite habillée de différentes bandes de drap blanc, nouées autour du corps, lui-même maquillé entièrement de rose fluorescent. Mon visage était également masqué par une bande identique aux autres, percée de deux trous au niveaux des yeux.
Je les invitais à prendre un des billets situés dans un chapeau que je tenais à la main sans que cela leur soit obligatoire pour continuer plus avant. Ils pénétraient alors le « théâtre » où ils pouvaient prendre place librement.

Dans chaque couloir, un vidéoman filmait le parcours des hommes et des femmes et ce film était diffusé en direct sur deux écrans qui se trouvaient en haut des escaliers. Chacun pouvait donc, une fois arrivé, satisfaire sa curiosité quant à ce qui se passait du côté opposé. Les musiciens (Max-Paul et Karac) jouaient une musique de fête foraine.

Une fois le public installé, les musiciens entamèrent une impro sur une bande sonore reproduisant le bruit d’une fermeture à glissière s’ouvrant et se fermant plus ou moins rapidement. Ces différents sons laissèrent place bientôt à ma propre voix enregistrée scandant des mots à connotations agressives ayant traits aux contraintes vestimentaires et plus largement à des contraintes morales et sociales (emmailloté, meurtri, cuirassé, enfermé, guindé, comprimé…)
Dans l’espace scénique, sur ma droite se trouvait une grande roue de loterie que j’avais confectionné avec du bois, puis peinte. À ses côtés, on voyait, épinglés sur la tenture formant le demi-cercle, vingt carrés de tissu sur lesquels étaient inscrits 1er lot, 2ème lot jusqu’au 20ème lot.
À la fin de la bande enregistrée je m’approchais de cette roue et la faisait tourner. À l’arrêt, j’appelais alors le numéro tiré et invitais la personne à me rejoindre. Je dégrafais le lot correspondant. Il s’agissait d’un étui pénien (un slip). Je le fixais à l’aide de deux épingles à nourrices au pantalon du gagnant, lui tendais le titre du slip inscrit en gros caractères sur une bande de papier et l’engageais à faire le tour sur scène avant de regagner sa place. Je dénouais alors une bande de tissu blanc masquant mon corps et la jetais plus loin sur scène avant de réengager le jeu.
Il y avait autant de bandes de tissus recouvrant mon corps que de slips. Ceux-ci ayant été tous distribués, je me retrouvais donc nue sur scène, le corps tout maquillé de rose; pubis et cheveux teints dans la même couleur. À ce moment-là, la totalité du lieu s’éteignait tandis que des néons de lumières noires disposées au sol s’allumaient et faisait ressortir le fluo de mon corps.
À ma gauche m’attendait une robe et un sceau d’eau. Je me versais la moitié du contenu sur moi, puis j’enfilais ma robe en drapé, conçue pour cette performance. Ensuite je versais l’autre moitié afin que la robe colle à ma peau. Celle-ci mouillée laissa transparaître le fluo.